Retour sur ma conférence « Le cinéma de cape et d’épée, un genre français ? »
Le 18 décembre 2023, je donnais donc une conférence à la Cinémathèque de Saint-Etienne sur les films de cape et d’épée. Cette cinémathèque, la plus ancienne de France, propose des séances thématiques avec films et conférences, et ce gratuitement pour tous les publics.
Et j’ai eu le plaisir de voir une salle remplie de spectateurs de tous les âges, ce qui n’est pas toujours le cas, preuve que ce genre est toujours populaire.
Pourtant, ce n’est pas la quantité de productions françaises qui fait de ce genre un genre exclusivement français.
Mais ce genre reste apprécié par un public large, populaire et familial.
Ma conférence a essayé de couvrir la période la plus large en se concentrant surtout sur la production française et américaine – même s’il y a une production italienne assez conséquente.
Et il en ressort une évidence : si le cinéma français n’a véritablement connu qu’une période courte mettant en valeur ce genre – grosso modo de 1952 au milieu des années 1960 – l’histoire de France a souvent été au cœur des productions internationales dont les multiples adaptations des Trois mousquetaires par les studios hollywoodiens (mon préféré étant celui avec Gene Kelly jouant un virevoltant D’Artagnan !) qui a aussi développé son héros du genre : Zorro (personnage également très apprécié des Français).
Depuis les années 1990, avec Depardieu jouant merveilleusement le Cyrano de Bergerac de J.-P. Rappeneau, le cinéma français regarde à nouveau son histoire, son patrimoine et sa littérature pour ré-adapter des œuvres du XIXe s. et qui ont donné le nom au genre : « cape et épée ».
Que Les trois mousquetaires aient eu droit récemment à une nouvelle version et que Le comte de Monte Cristo soit bientôt sur les écrans témoignent d’une envie des spectateurs de retrouver (pour ne pas dire) renouer à son histoire que le monde entier a pourtant magnifié.
Au-delà de la nostalgie, ces nouvelles productions sont évidemment réalisées en tenant compte des évolutions de la société contemporaine – comme en témoigne la bisexualité de Porthos interprété par Pio Marmaï dans le film de Martin Bourboulon en 2023.
Mais cela démontre une envie d’une partie non négligeable de la population de retrouver une culture commune et transgénérationnelle.
Si cinématographiquement, il n’y a pas d’exclusive du genre pour la France, il y a la certitude que ce genre est un genre qui ressemble à la culture française.
Les spectateurs aiment voir comment les Américains interprètent leur histoire et cela correspond assez à ce désir d’universalisme français.